Rencontre entre le réalisateur Thomas Balmès et la classe de 2nde1.

par T. Carrazedo

Une classe média, un virus et le Bouthan par la classe de 2nde1 du lycée Marcel Pagnol

L’histoire que nous allons te raconter s’organise autour d’un projet média… d’un virus et du Bouthan.
C’est celle de 35 élèves de seconde et de deux de leurs professeurs du lycée Marcel Pagnol d’Athis-Mons en Essonne. Elle débute le Samedi 6 Octobre par une expédition au Théâtre Libre de Paris. Quel bonheur de renouer avec les salles de spectacles après le LONG confinement du printemps ! Le spectacle nous a emporté dans l’univers de neuf professionnels des médias. Le rythme, l’émotion qui se dégage de certains témoignages, le comique également, tout cela nous a comblé.

De retour en classe, le lendemain, nous avons organisé un vote pour savoir lequel de ces professionnels nous souhaiterions faire venir au lycée. Notre choix s’est porté sur les lettres perdues d’Adrianna Wallis, sur les réunions de parents de Lucia Sanchez, sur l’archive inédite de Charlie Hebdo de Jérome Lambert et Olivier Picard et enfin sur l’histoire du petit moine bouthanais que Thomas Balmès a mis en scène dans son dernier film « Sing me a song ».

Et puis là, patatras de nouveau. Revoilà le Covid (qui n’était pas partit bien loin). Et tout se complique. Comment faire venir les professionnels ? Quand ? Nous revoilà à moitié confinés, les classes explosés par un protocole sanitaire renforcé. On met le projet en Stand by pendant un moment. On attend. Notre prof’ tergiverse. Pas facile de planifier avec tout ce bazar.

Mais en Février, on trouve une solution. Le film « Sing me a Song » va nous être projeté et donnera lieu ensuite à un débat avec une représentante de l’association « les chevaliers du Web » qui travaille sur l’usage et les mésusages du numérique dans notre société. Pourquoi ? Parce que le film raconte justement l’histoire d’un jeune moine bhoutanais Peyangki (si tu sais pas où est le Bhoutan, amuse toi à cherche sur une carte). Son village est le dernier du pays à être raccordé à l’électricité. Peyangki découvre alors… le smartphone, la télé. Il passe son temps accroché aux écrans. On spoile pas mais vite fait, il tombe amoureux virtuellement, il se fait crier dessus par son professeur parce qu’il passe trop de temps devant les écrans, il joue beaucoup aux jeux vidéo. Ça nous a rappelé quelqu’un mais chut !
On a vraiment halluciné quand on a compris que c’était une histoire vraie, que le petit moine était tombé amoureux d’une call girl derrière son smartphone et qu’elle l’avait largué pour aller gagner sa vie au Koweït, qu’un champignon pouvait se vendre 30000 euros le kilos (mais non lecteur, lectrice, oublie, tu n’auras pas le droit d’aller le récolter, c’est réservé aux moines), et qu’un moine pouvait passer sa journée à réciter les mêmes prières en criant fort, tout en pianotant sur son smartphone.<media1160|vignette|right>

Pour être vraiment honnête aussi, certain.e.s d’entre nous se sont endormis durant quelques passages et ont eu du mal à suivre le déroulé de l’histoire. Les avis sont partagés mais le film a lancé le débat. Morceaux choisis : « j’avais l’impression d’avoir suivi un drogué de la technologie et c’est super frustrant !
Que des personnes puissent être submergées par cette utilisation et ne savent pas faire la part entre la vie réelle et le virtuel, ça choque » (Aaliyah) ; « les médias ont pris une place considérable dans nos vies, ils ont la capacité de fixer les modes de pensée de certaines personnes » (Ramatoulaye) ; « ce jeune homme était très accro à une jeune femme qu’il a rencontré sur WeChat. Ils discutaient beaucoup mais quand ils se sont rencontrés dans la vraie vie il n’y avait pas assez de communication et pas assez de discussion . Cela montre que cet amour n’est pas vrai.
Je pense qu’il ne faut pas faire confiance aux personnes virtuelles car elles ne seront jamais là dans la vraie vie (Anjali) ; « je suis d’accord sur le fait qu’il ne faille pas exagérer dans l’utilisation des technologies. Mais dans le monde actuel c’est impossible de ne pas utiliser notre smartphone ou l’ordinateur vu qu’on a le télétravail (Marius) ; « Tout cela m’évoque l’addiction et la naïveté que la technologie nous donne, on est tous addict à la technologie mais de plus, nous les jeunes, on est naïf de croire que quelqu’un est pareil sur les réseaux sociaux que en réalité. (Maria)

<media1159|insert|left>Merci pour cela Thomas Balmès. Tu nous as permis de réfléchir et ça, en ces temps de déprime, c’est précieux. On a bien entendu que tu avais rembarré notre prof quand il t’a qualifié de journaliste. Tu es bien plus que cela : tu fabriques aussi du rêve à partir de tranches de vies. La dure réalité de notre mondialisation mise en récit. Tu nous as faits voyager, tu nous as faits rêver. Merci à toute l’équipe du LiveMag pour organiser ces belles rencontres et nous permettre de découvrir toute la nuance des métiers des médias. Ça donne envie d’y retourner. C’est quand le prochain ? C’est quand que ce fichu virus nous fiche la paix ?